15h40. J'étais assise devant mon ordinateur en cours de droit pénal. Mes doigts avaient beau taper le cours, je ne retenais absolument rien de ce que je pouvais entendre. J'étais nerveuse, et on pouvait le voir sur mon visage. J'avais alors descendu l'écran de mon ordinateur portable pour ranger celui-ci dans son étui et quitter mon amphithéâtre. Je n'étais pas le genre de fille à sécher les cours en général, mais cette fois-ci, c'était pour une bonne raison. Je devais retourner dans mon ancien appartement où je vivais avec Nathanaël pour chercher le reste de mes affaires. L'idée d'y retourner me brisait le cœur, mais je n'avais pas le choix. Je n'allais pas envoyer quelqu'un d'autre à ma place, c'était lâche. Arrivée dans le hall de l'université, j'avais remarqué que le temps n'était pas avec moi. Il pleuvait énormément, et le vent soufflait beaucoup. Mais ce n'était pas ça qui allait m'arrêter. J'avais couru jusqu'à ma voiture, pour m'y enfermer à moitié trempée. Déposant mes affaires à l'arrière de la voiture, je l'avais démarrée pour ensuite prendre le chemin de l'appartement. Mon cœur battait la chamade. Nate était-il à l'appartement ? A cette heure-ci, il avait déjà terminé les cours. Je connaissais son emploi du temps par cœur, et je pouvais supposer qu'il était à l'appartement, vu le temps qu'il faisait. Mais qu'importe, ça ne devait pas m'arrêter non plus. J'étais dans mon droit de récupérer ce qui m'appartenait. Ce qui m'effrayais, c'était de le revoir. J'avais passé deux semaines sans revoir son tendre regard, sans avoir respirer son parfum ou toucher sa douce peau. Je n'avais aucune idée de l'effet qu'allait me faire sa présence. Dans le meilleur des scénarios, il aurait décidé d'aller boire un verre avec des amis, ou ils seraient resté à la bibliothèque, donc absent de l'appartement. Étant donné que je ne l'avais pas prévenue de ma visite, il n'était pas au courant. Quelle importance après tout ? Je n'avais plus besoin de son accord. Nous n'étions plus ensemble, et je ne comptais pas changé d'avis aussi rapidement. Il m'avait fait tellement de mal que je ne m'en étais toujours pas remise. Je ne pouvais pas oublier l'homme que j'aimais aussi rapidement. Il comptait toujours énormément pour moi. Nous avions notre petite vie à tous les deux, et il y avait mis fin en l'espace de quelques minutes. Je lui en voulais tellement. J'essayais de le haït, de me dire qu'il n'était qu'une horrible personne, mais je n'y arrivais. Dans le fond, je savais que j'étais toujours autant amoureuse de lui. Mais on ne peut pas remonter le temps et effacer ses paroles ou ses gestes. Comment avait-il pu douter de mon amour pour lui ? Comment avait-il pu penser que j'avais le cran de le tromper avec son meilleur ami ? Il était beaucoup plus question qu'une simple humiliation publique. Il avais douté de moi, de mes sentiments. J'avais vu ce soir-là dans son regard, une étincelle qui s'était éteinte. Elle voulait me dire " je ne te fais plus confiance". Et c'était la plus douloureuse des choses que j'avais pu ressentir durant cette soirée. 4 ans, il s'agissait de 4 ans de relation.

Arrivée à destination, j'avais tourné la clé de la voiture pour arrêter le moteur. J'étais resté ainsi pendant quelques minutes, dans le silence, à écouter la pluie tomber sur mon par brise. Je devais prendre mon courage à deux mains et entrer dans cet appartement, notre appartement. Tout ce que je voulais c'était récupérer mes affaires et m'en aller au plus vite pour oublier toute cette histoire et tenter de reprendre ma vie en main. Je devais me concentrer sur l'essentiel, et ne pas montrer mes faiblesses. Il avait suffit que je me répète en boucle la scène de la pire soirée de ma vie pour être à nouveau en colère contre Nate. J'avais alors pris mon sac pour sortir de la voiture et fermer la porte après moi. J'avais ouvert la porte d'entrée facilement en tapant le code de l'appartement. Les gouttes de pluie longeaient mes cheveux pour s'écraser au sol. Manquerait plus que je ne tombe malade. Peu importait, j'avais appuyé sur le bouton de l'ascenseur pour attendre celui-ci et y monté. Les portes fermés, j'avais indiqué vouloir monter au troisième étage. Quelques secondes plus tard, les portes s'ouvraient à nouveau devant moi. Un élan de panique s'empara de moi. J'étais là, debout, dans cet ascenseur, fixant la porte derrière laquelle se trouvait presque toute ma vie avec Nate. J'avançais lentement jusqu'à ce que je me retrouve devant elle. Cherchant les clés dans mon sac, je les avait trouvé pour les insérés dans la serrure de manière hésitante. Il était trop tard pour faire marche arrière, je devais me lancer. J'ouvris la porte doucement pour la refermer derrière moi. Je savais qu'il était là, et ça n'allait pas rendre la tâche plus facile. Je ne pris pas la peine d'aller le retrouver pour me diriger directement vers notre ancienne chambre et sortir une valise de l'armoire. Je n'avais pris que quelques affaires dans un sac à mon premier départ, et j'étais en manque d'affaires. L'ouvrant grandement, j'avais commencé à faire des allers/retours de l'armoire à la valise pour remplir cette dernière de mes vêtements.

Plus le temps passait, plus j'appréhendais de revoir Nate. Il avait bien évidemment une place importante dans ma vie, et jamais je ne pourrais m'en séparer. Mais c'était difficile d'en juger avec la situation actuelle. J'avais pris le soin de prendre mes derniers vêtements, vidant l'armoire que nous partagions. Je pouvais sentir l'odeur de Nate, partout dans la chambre, chose qui me rendait folle. Je me remémorais également tous les moments que nous avions passé dans cet appartement, à rire et à pleurer ensemble. Je me rendais compte que c'était réellement la première fois que j'étais séparée aussi longtemps de lui. On ne se prenait pas la tête souvent, au contraire nous nous aidions mutuellement pour chaque épreuve. C'était pour ça que je n'avais rien dit lorsqu'il avait décidé de se concentrer uniquement sur ses études. Je voulais qu'il réussisse, même si je n'en doutais pas un seul instant. C'était un garçon brillant qui était fait pour devenir journaliste. J'étais persuadée qu'il y arriverait. Je ne pouvais que le soutenir pour accomplir son rêve. C'était aussi pour ça que j'avais réuni tous nos amis pour lui faire cette surprise. Je voulais qu'il sache que je ne lui en voulait pas d'avoir mis un peu de distance, que je l'aimais toujours autant et que ça allait faire quatre ans que nous étions ensemble. Tout ça était réel, avant qu'il ne se mette dans une colère noire pour tout gâcher. Je me mordillais la lèvre pour étouffer la douleur. En y pensant, je n'avais toujours pas accepté le fait qu'il avait douté de moi, et de Mattia. Jamais je n'avais posé les yeux sur quelqu'un d'autre que Nate. Je devais rapidement m'en aller si je ne voulais pas me laisser submerger par mes émotions. Trop de souvenirs dans cette pièce. Je m'étais arrêté un moment devant notre armoire, où il ne restait plus que ses affaires. Alors c'était à ça que se résumait notre relation ? Mon cœur s'était serré soudainement. J'avais entendu des pas et je savais que c'était lui. Ce n'était qu'une question de secondes avant que je n'aperçois à nouveau son visage, et j'avais peur. Peur d'avoir à nouveau mal.

Refermant la porte de l'armoire, j'étais passé à la table de chevet pour récupérer deux livres que j'aimais énormément. Un cadre avec notre photo se trouvait dessus. Je la fixais longuement en pensant que nous étions vraiment heureux. Je m'étais relevée pour y ranger les deux fameux livres. Bella ? Il m’appelait encore par mon surnom. D'ailleurs, c'était lui le premier à m'avoir appelée ainsi. Entre sa voix me déstabilisa, mais je devais rester forte si je ne voulais pas craquer. J'avais relevé mon visage pour croiser son regard. Je n'avais pas eu tort, le revoir me faisait énormément de mal. Il reprit la parole, mais cette fois-ci de manière plus faible. Ça fait plaisir de te voir. Moi aussi ça me faisait plaisir de le revoir, il me manquait tellement. Deux semaines que je ne l'avais pas revu. Deux semaines qui me semblaient être une éternité. Mais je lui en voulais tellement.. « Ne gaspille pas ta salive pour rien » Avais-je dis tout en contournant ma valise pour passer devant lui et sortir de la chambre. Je m'étais alors rendue dans la salle de bain pour y récupérer mes affaires. Je m'étais arrêtée devant le lavabo en y déposant mes deux mains pour respirer un coup. C'était plus difficile que je ne l'avais imaginé. Mon cœur me disait de tout laisser tomber et de me blottir dans ses bras pour lui dire à quel point je l'aimais. Mais ma tête me disait qu'il avait dépassé les bornes et que je devais m'en aller. Comment tourner le dos à l'être que vous aimez sans en souffrir ? Je ne crois pas que c'était possible. J'avais rassemblé mon courages à deux mains pour ensuite sortir de la salle de bain et entrer à nouveau dans la chambre, notre chambre. Devais-je lui parler ? Je savais qu'il fallait le faire tôt ou tard, mais j'essayais de retarder l'inévitable. Devais-je lui annoncer que j'avais un retard de trois semaines ? Je ne pensais pas que c'était la solution. C'était difficile à gérer. D'un côté je devais accepter ma rupture avec Nate et partir une bonne fois pour toute, et d'un autre côté, je devais absolument faire des tests de grossesse pour savoir si j'étais enceinte. Je voulais qu'il soit à mes côtés, qu'il me soutienne et qu'il soit présent pour les résultats, après tout, si j'étais enceinte ça ne pouvait être que de lui. Mais le mal était déjà fait. Il avait perdu le droit de savoir, c'est pourquoi j'avais décidé de ne rien lui dire. J'avais jeté les affaires dans la valise pour m'arrêter et le regarder à nouveau, les yeux humides. Je n'arrivais pas à me défaire des mes sentiments si forts pour lui. « J'ai encore quelques trucs à prendre, et après tu pourras faire ce que tu veux de l'appartement » Ça me brisait le cœur de lui dire ça. Qu'allait-il faire de l'appartement après mon départ ? Je ne voulais même pas imaginer qu'il ait une autre fille dans sa vie. Même si ça ne me regardait plus. C'était notre appartement, notre chez nous, et le quitter n'était pas chose facile.

J'étais complétement perdue, et je ne savais pas vraiment quoi faire. Réaliser que j'étais en train de prendre mes affaires pour m'en aller et tourner la page d'une grande partie de ma vie n'était pas une chose évidente. Je n'étais même pas certaine de le vouloir. Comment prendre une décision réfléchie avec toute cette peine et cette colère ? Je n'avais même pas encore parlé avec Nathanaël depuis deux semaines, et pourtant partir était la seule solution que j'avais trouvé. Je m'en voulais aussi de fuir mes problèmes ainsi mais j'avais du mal à faire face à la situation. Je savais très bien que tôt ou tard il fallait qu'on discute de ce qu'il s'était passé, mais quelque part je ne voulais pas ressasser cette soirée. J'étais bien consciente qu'il avait peut être réagi sous la pression et la crainte de ne pas réussir, mais je ne pouvais pas m'empêcher de lui en vouloir de s'être laissé dépasser par les événements. Ce n'était pas une petite dispute de rien du tout que je pouvais laisser passer. Il était allé bien trop loin. Mais malgré cette rancune, je ne pouvais pas non plus nier le fait que je ne voulais pas le quitter aussi rapidement. Nous avions vécu beaucoup trop de chose pour que je puisse passer à autre chose aussi facilement. On peut tout de même parler non ? Il voulait en discuter, ce que je trouvais assez normal, mais je ne pensais pas avoir la force de le faire. Ne serait-ce que croiser son regard me chamboulait au plus haut point. « Tu veux parler ? Mais de quoi ? Tu n'as pas l'impression d'en avoir déjà assez dit ? » J'étais dure avec lui, et je le savais. Mais j'avais beau essayer de me contenir, je n'y arrivais pas. Je voulais qu'il sache à quel point j'étais blessée, autant par son comportement que par ses paroles. J'étais rassurée quelque part qu'il ne m'évite pas non plus de son côté. Cela voulait peut être dire qu'il ne voulait pas me laisser partir, qu'il voulait se battre pour s'excuser. Peut être qu'il était encore trop tôt, ou même trop tard. J'étais bien trop confuse pour le savoir. Tu as besoin d'aide ? J'avais besoin d'oublier cette histoire, besoin de sentir sa présence à mes côtés, et surtout besoin de lui. Mais rien n'y faisait, peu importe ce que je pouvais dire ou penser, cette histoire me revenait au visage comme une gifle. « Ça va aller, je me débrouille très bien toute seule » Ce qui n'était absolument pas vrai. Non, je ne me débrouillais pas du tout toute seule, j'avais besoin de lui pour retrouver l'équilibre de ma vie.

J'essayais de ne pas me laisser gagner par mes émotions, mais ce n'était pas chose facile. Je voulais crier au monde entier que rien n'allait, pleurer comme je n'avais jamais pleurer auparavant et vider enfin mon sac pour me sentir soulagée. Mais quelque chose bloquait, tout comme je n'arrivais pas à m'arrêter de bouger dans tout l'appartement pour rassembler mes affaires. Plus je restais dans cette chambre remplie de souvenirs, plus je voulais rester avec Nate. C'est comme ça que ça va se terminer alors... Il fallait bien que l'un de nous deux le dise un jour. C'était fini alors ? On allait chacun reprendre notre vie de son côté et faire comme s'il ne s'était rien passé pour finir par devenir des étrangers ? Ce n'était pas du tout ce que je voulais. Je m'étais arrêté dans mon geste pour le regarder tristement. « Je ne voulais pas en arriver là Nate, mais est-ce que j'ai vraiment le choix ? » Lui parler me faisait du bien dans le fond. Je n'étais pas encore prête à tout lui déballer, mais savoir qu'il s'inquiétait pour notre relation me faisait comprendre que ça l'attristait autant que moi. Qu'attendais-je vraiment de lui pour changer d'avis ? Pouvais-je changer d'avis ? Je n'avais pas encore de réponses à ces questions. Tout ce que je savais, c'est qu'il me manquait. Terriblement. Bella, je t'aime ! Je sais que tu m'aimes encore. Je suis tellement désolé pour ce que je t'ai fais subir mais ne me laisse pas. J'avais fermé les yeux tout en l'écoutant. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Comment devais-je réagir ? Que devais-je lui dire ? Encore des questions, que des questions. « Fais pas ça Nate, s'il te plaît... » Il ne me facilitait pas du tout la tâche. Mais je ne pouvais pas nier ses paroles. Bien sûr que je l'aimais toujours et que je ne pouvais pas l'oublier. Qui pourrait le faire à ma place ? Je tentais de fuir son regard, je ne voulais pas lui faire de la peine, même si c'était déjà trop tard. J'imaginais que ça devait pas être plaisant de voir sa moitié prendre ses affaires dans l'intention de partir définitivement. Si j'avais été à sa place, je n'y survivrai pas. J'ouvris à nouveau les yeux, pour constater que Nate s'approchait de moi. Je perdais mes moyens et me rappelais notre première rencontre. En un regard on se comprend, tu peux donc voir dans mes yeux toute la peine que j'éprouve et tous les remords que je peux avoir. Le contact de ses mains me donnait des frissons dans tout le corps. Je voulais lâcher prise et me blottir contre son torse et pouvoir à nouveau sentir son parfum qui m'étais si familier. « Nate... » Jamais je n'avais fais quelque chose d'aussi difficile. Jamais je n'avais autant retenu mes sentiments devant lui. « Tu crois que c'est facile pour moi de prendre mes affaires et de m'éloigner de toi alors que tu me manques plus qu'autre chose ? Je ne sais plus quoi faire... »